Un sondage publié ce 8 octobre révèle que 51% des français ignore le classement Crit’air de leur véhicule, 6 ans après la création de ce système de classification des émissions nocives des motorisations thermiques. Or, dès 2025, des Zones à Faible Émissions (ZFE) restreindront drastiquement la circulation des modèles les plus polluants sur tout ou partie du périmètre des 45 principales agglomérations françaises. Alors qu’un tiers du parc roulant est potentiellement concerné, 42% des répondants affirme aujourd’hui qu’il continuera à y rouler, même en défaut de conformité.
Un taux de conducteurs réfractaires qui, quelles que soient leurs motivations, interroge nécessairement tant les méthodes de mise en œuvre que la compréhension de l’utilité, sanitaire, de cette mesure.
Fin septembre, l’arrêté du Ministère de la Transition énergétique, – « permettant à ENEDIS de désactiver à distance des usages électriques pilotés via le compteur Linky » de près de 5 millions de clients (en fait les seuls ballons d’eau chaude entre 12h et 14 h) –, avait suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, allant de la simple incompréhension aux franches manifestations d’hostilité…
Ces signaux « faibles » sont à contextualiser (tensions inflationnistes et énergétiques plus ou moins liées à la guerre en Ukraine).
Mais ils font aussi écho à un point d’alerte récurrent souligné dans de récents rapports de référence, nationaux et internationaux1, relatifs à l’urgence climatique : la réussite des politiques de résilience et de transformations dépendra de l’acceptabilité sociale des changements et de mécanismes puissants de concertation et de solidarité.
Les médias se mobilisent pour mieux informer les français
C’est Vert, journal indépendant en ligne d’actualité sur l’écologie, qui a pris l’initiative de proposer à la profession il y a six mois un manifeste – devenu Charte – pour « un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ». En cet automne, 50 rédactions y ont adhéré.
S’il n’est pas ici possible de citer l’ensemble des signataires, partenaires et soutiens de la démarche (liste), force est de constater qu’elle a déjà réussi à fédérer au-delà du cœur de l’écosystème de veille et d’information sur le climat et l’écologie.
Au vivier « historique » (Reporterre, Climax…), se sont ainsi jointes des rédactions nationales (RFI, France 24, 20 minutes, Alternatives économiques, Médiapart, Science&Vie Juniors)… ainsi que les écoles de journalisme de Bordeaux, Lille, Strasbourg et Tours et les principaux syndicats professionnels. Si l’on y ajoute les adhésions individuelles de 1 500 journalistes, c’est la quasi-totalité du spectre médiatique français qui est officiellement ou indirectement connecté au mouvement.
La rédaction des 13 points de cette Charte est sobre et concise. Elle s’appréhende comme une actualisation des principes fondamentaux de l’éthique journalistique à la complexité de traitement de la nature et des enjeux systémiques du dérèglement climatique. La responsabilité des rédactions en termes de formation continue, d’indépendance, de transparence et de pédagogie (lexique utilisé) en constitue la matrice.
Une « météo » de l’énergie pour passer l’hiver
Sur un registre plus immédiat, l’opérateur de transport d’électricité (RTE) et l’ADEME œuvrent, depuis début 2022, à renforcer le dispositif d’information et de responsabilisation citoyenne Écowatt pour aider à prévenir les risques de coupures intempestives lors des grands froids d’hiver.
Plus de 100 entreprises ou enseignes nationales et autant de collectivités locales (régions, départements, métropoles, communes…) sont impliquées pour réduire leur consommation en cas d’importantes tensions sur le réseau (éclairage, chauffage…).
Les ménages sont également incités à économiser l’énergie, par exemple en différant l’usage de leurs appareils domestiques les plus énergétivores si nécessaire.
Afin de toucher l’ensemble de la population, les pouvoirs publics ont sollicité les trois principaux diffuseurs audiovisuels nationaux. Depuis quelques jours, Radio France, France Télévision et TF1 ont ainsi agrégé à leurs bulletins météorologiques un indicateur de corrélation entre températures et robustesse des capacités électriques. S’y ajoute un conseil pratique d’éco-geste susceptible d’aider à réduire la facture énergétique des particuliers.
Complémentaires, ces axes et vecteurs de sensibilisation ne demandent qu’à être mixés pour apporter à nos concitoyens l’ensemble des clefs nécessaires à la compréhension et à l’anticipation des transformations en cours : réglementations, échéances, mécanismes d’accompagnement, maturité des technologies et solutions…
D’évidence, l’engagement des médias, la portée pédagogique et la neutralité de leurs mises en perspective, seront décisifs pour emporter l’adhésion nécessaire aux profonds changements d’habitudes qu’appelle une décarbonation des modes de vie en une génération !
Pour atteindre cet objectif, le relais de communication que pourront y apporter en sus les organisations publiques et privées les plus impliquées ne sera pas de trop.
C’est du moins la conviction de Vetted, la marketplace des solutions vérifiées durables pour les entreprises et les acteurs publics, qui référence déjà plus de 800 solutions durables pour franchir le pas.
Depuis 18 mois nous proposons mensuellement des décryptages normatifs ou sectoriels et des interviews d’entrepreneurs engagés, en libre accès. En cette rentrée, une nouvelle série de podcasts, intitulée Systemic, est lancée.
Consacrée aux observateurs et animateurs les plus influents de la transformation, elle est inaugurée par Bettina Laville. C’est notre contribution.
Olivier ABULI, consultant conseil et analyses